Ma première portée
Journal de joies et de peines...

Vendredi 16 novembre 1990, jour « J » ! ( #2 )

Vers 2h. Le prochain bébé s'annonce et bientôt la tête se présente hors de la vulve, la poche est crevée. Après une autre poussée, une épaule se dégage avec la patte... et puis plus rien. Une minute s'écoule, Ina ne fait plus d'efforts pour faire sortir le chiot qui a pourtant déjà ouvert sa petite gueule pour respirer. Nous encourageons la chienne, je lui masse le ventre, rien n'y fait. Doucement, Gérard essaie d'agrandir le passage avec les doigts. Après quelques minutes, qui me paraissent une éternité, le petit apparaît en entier. Sans sa poche et avec le cordon sectionné. Il est évident qu'elle est restée à l'intérieur et que, sans cette protection visqueuse, le bébé ne glissait plus aussi bien. Enfin, il est bien vivant et, après qu'Ina l'ait bien nettoyé, il se met tout de suite à téter. C'est encore un petit mâle et il pèse 670 gr. Nous nous attendons maintenant à une mise-bas assez longue puisque apparemment il lui faut 2 et demi à 3 heures entre chaque naissance. Elle dort d'ailleurs entre deux ce qui est certainement une bonne chose. Elle rêve même par moments.

Peu après 5h, elle a une nouvelle contraction suivie de deux ou trois autres à 5 minutes d'intervalle, puis, le chiot apparaît, complètement enfermé dans sa poche cette fois-ci. Pendant que la chienne commence à lécher le liquide et manger le placenta, Gérard déchire la poche, je nettoie le museau et prépare mon fil et mes ciseaux. C'est encore nous qui coupons le cordon et après la chienne nettoie bien son petit. Elle le fait avec tant de violence qu'il est ballotté de gauche à droite et d'avant en arrière. Mais il piaille ce qui est l'essentiel et ensuite il saisit tout de suite le téton quand nous le mettons à la mère. Une petite inquiétude commence à se faire jour : c'est encore un garçon et nous ignorons s'il lui en reste à faire alors que nous avons prévu de garder deux femelles de cette portée. Mais il est vigoureux et pèse 650 gr. A ce rythme-là, le prochain sera pour 8h. Gérard et Ina somnolent, moi, je rumine : je pense au chiot qui a dû mourir bêtement à cause de notre manque d'attention et d'expérience. Et c'est sûr que c'était une femelle, il était plus petit et plus léger que les autres.

A 7h30, Gérard va voir Dilis. La pauvre qui a dû passer la nuit toute seule. Elle aura bien mérité sa gamelle du matin. Il n'est pas encore de retour, quand le prochain chiot se présente après seulement deux légères contractions. La poche est déjà crevée et il respire bruyamment. Pendant qu'Ina s'occupe du placenta, je nettoie la petite bouche et le nez et le retourne pour ligaturer le cordon. Je vois aussitôt que c'est encore un mâle. Décidément, elle ne veut plus nous donner de fille. Gérard arrive juste pour la pesée : 650 gr.

La voilà bien installée avec ses cinq chiots qui, tous, tètent bien.

Je vais nous préparer un petit déjeuner qui ne sera pas de refus.

A ce stade, nous nous demandons s'il reste encore des chiots, sous-entendu au moins une femelle et, malgré la joie d’avoir cinq bébés bien vivants, le regret du petit, mort de notre faute, se fait lancinant. Gérard va le réexaminer. C'est un petit mâle (!) qui ne pèse que 350 gr. Quelle délivrance de savoir qu'il n'aurait pas pu vivre, qu'il était probablement déjà mort à la naissance. Du coup je me sens un peu mieux, toute trace de culpabilité envolée d'un seul coup.

3/12 : précédent - suivant