Ma première portée
Journal de joies et de peines...


Vendredi 21 décembre 1990 (6ème semaine)

Le temps file et je n'ai rien écrit depuis dimanche. Il est vrai qu’il n’y avait rien de particulier à signaler. Et puis, je n'arrête pas de préparer à manger : 3 fois pour nous, 2 fois pour les femelles plus 2 gamelles supplémentaires pour Ina et 5 fois pour les chiots, avec tout ce que cela comporte comme vaisselle - pour Gérard. Mais je ne me plains pas, au contraire, je suis heureuse quand tout le monde va bien. Car, hier, j'ai passé une des journées les plus « noires » de mon existence : déjà à 5h30, lors de la première tétée, j'ai remarqué le peu d'entrain de la petite Faragh, alors que d'habitude, après le jeûne de la nuit, tout le monde se jette sur la mère avec une avidité particulière. Et, quand elle ne sort même pas du nid pour le repas de 7h, je savais que quelque chose n'allait pas. Et puis elle ne répond guère à mes câlins, elle, si enjouée d'habitude. A la pesée, elle n'a pris que 30 gr, alors que tous les garçons dépassent les 200 gr. Dans ma tête, je passe en revue tous les « pépins » qui peuvent arriver en élevage, des virus aux malformations congénitales qui apparaissent lors du sevrage - un vrai carroussel ! A 11h, elle ne mange toujours pas. Par contre, je remarque qu'un bout de couvercle du carton qui contient les journaux a été arraché et, comme il ne se trouve pas par terre, je soupçonne qu'il a été mangé. Voilà peut-être ce qui expliquerait l'état de Faragh. A la prochaine tétée, nous la mettons à la mère tout en retenant les autres pour qu'elle puisse boire si elle en a envie. Et elle veut. Au moins cela car elle boudera ma bouillie pendant toute la journée. Par contre, elle pourra se soulager : trois crottes dans lesquelles on décèle des parties qui ressemblent à du papier mâchouillé. Et quand j'arrive avec le dernier service, elle se pointe comme les autres. Elle ne mange pas énormément mais on voit qu'elle revit. Dieu merci ! Je n'ai pas décrit ce que j'ai ressenti tout au long de cette journée car les gens non concernés me prendraient pour une hystérique. Mais de voir un petit être qui, la veille, était encore plein de vie, assis dans un coin, sans réagir, visiblement abattu et ne pas pouvoir le questionner pour savoir ce qui ne va pas, c'est horrible.
Aujourd'hui, elle est comme avant, un peu plus efflanquée que les autres mais elle fait des efforts pour rattraper ses frères. Demain ils auront cinq semaines et nous allons à nouveau les peser...

Dimanche 23 décembre 1990

Décidément, Faragh veut se faire remarquer : samedi elle participe à trois repas sur cinq et, dimanche matin, elle prolonge son jeûne. Pour couronner le tout, elle a la diarrhée ! Inutile de préciser qu'elle ne prend pratiquement plus de poids (180 gr en quatre jours) tandis que ses frères se chargent sans problèmes de sa ration et grossissent en conséquence. Quand finalement, à 15 heures - troisième repas de la journée - elle s'attable comme il faut, il était temps : mon moral était au sous-sol et celui de Gérard aussi. Ensuite, cela semble donner le tour, elle est fofolle, câline comme avant. Tout cela ne nous travaillerait peut-être pas autant s'il ne s'agissait de la « fille unique ». Cette portée, nous l'avons faite pour nous, égoïstement, pour garder au moins une fille de notre Ina chérie qui pourra plus tard continuer une lignée. Alors, s'il lui arrivait quelque chose, nos espoirs seraient anéantis.

Finn The Wolfhound

  Source illustrations crayon :
  « Finn The Wolfhound » - A. J. Dawson - Illustrations : R. H. Buxton
  1ère Edition : 1908

  Le livre « Finn The Wolfhound » est tombé dans le domaine public.